TDAH

French Author By: camaliclinicdxb

TDAH

Il est assez fréquent que des parents viennent en consultation avec comme plainte principale des soucis de concentration et une forte agitation présente chez leur enfant. Souvent l’école alerte les parents sur ces difficultés. S’agit-il réellement d’un TDAH ? Comment faire pour diagnostiquer ce trouble et comment faire pour accompagner l’enfant et son entourage au quotidien ?

Qu’est ce que le TDAH ?

Le TDAH est un trouble neurodeveloppemental dont le diagnostic est posé par un médecin, pédopsychiatre ou neuropédiatre. Ce médecin peut s’appuyer sur des observations cliniques et sur des bilans qui entrent dans une évaluation globale pour poser le diagnostic. Il s’exprime sous 3 formes suivant les symptômes présents : – inattention : prédominance du déficit d’attention -hyperactivité/impulsivité : agitation motrice, hyperactivité de la pensée -mixte Le TDAH est à différencier du TDA où l’hyperactivité n’est pas présente. La plupart du temps, les difficultés caractéristiques chez la personne présentant un TDAH sont une carence au niveau des informations retenues, évidemment le maintien de l’attention qui est difficile , une planification peu élaborée des actions, agir de façon impulsive et donc une faible résistance aux automatismes et à la tentation de l’instant présent. Normalement, avant de poser un diagnostic, le médecin prend le temps d’observer les évolutions possibles chez la personne. Surtout que les signes d’hyperactivité et d’inattention sont des signes non spécifiques,  c’est à dire que ce sont des signes que l’on peut retrouver dans d’autres pathologies.

1)  Comment dépister un TDAH ?

Le travail d’investigation commence par l’observation de plusieurs symptômes. Le professionnel va mesurer les symptômes d’inattention, ceux d’hyperactivité et ceux d’impulsivité à travers différents questionnaires qui vont permettre de noter le comportement de la personne au quotidien, dans son environnement (à la maison, à l’école, lors des activités extra scolaires, …). Pour l’inattention, le professionnel aura besoin de savoir si l’enfant a l’habitude de faire des fautes d’étourderie, s’il a du mal à focaliser son attention sur le travail ou même lors d’une activité qu’il aime bien, s’il semble ailleurs quand on lui parle, qu’il n’écoute pas les consignes, s’il a du mal à s’organiser ou se laisse par exemple facilement distraire. Pour l’hyperactivité, le professionnel va orienter ses questions autour des capacités d’inhibition ou de contrôle du patient. Généralement il cherchera à savoir si le patient a tendance à remuer souvent les mains, les pieds, se tortiller sur sa chaise, se lever souvent lorsqu’on est supposé rester assis, courir et grimper partout dans des situations inappropriées (impatience motrice chez l’enfant et l’adulte) ou avoir du mal à se tenir tranquille dans les jeux et loisirs. Enfin pour l’impulsivité, est ce que l’enfant répond souvent avant la fin de la question ? Est ce qu’il a du mal a attendre son tour ? Est ce que l’enfant à du mal à contrôler ses gestes et ses mots et s’il privilégie l’immédiateté d’un feedback qui pourrait lui procurer du plaisir, mais aussi une réprimande, contre un moment de patience qui pourrait s’avérer couteux même si in fine il serait plus certain. Conseil : Ce travail d’investigation, purement clinique, peut être accompagné ou complété par l’évaluation des capacités attentionnelles et cognitives afin de donner une photographie du fonctionnement cognitif de la personne en situation d’évaluation et de pouvoir comparer les performances à une tranche d’âge, indépendamment des attentes des parents et indépendamment du niveau d’exigence de l’école. Oui l’enfant peut compenser en situation d’évaluation mais tous ne se pas capables de compenser donc il sera quoi qu’il en soit intéressant de voir les performances en situation d’évaluation.

2) Comment accompagner un enfant et ses parents ?

Comme pour la plupart des troubles neurodéveleppementaux, il faut déjà savoir de quoi on parle et que les personnes directement concernées sachent quels sont leurs points forts et leurs points faibles pour comprendre leur propre mode de fonctionnement, ne plus culpabiliser en cas d’échec et continuer de vouloir progresser. Il en est de même pour l’entourage. Il est par exemple injuste de sanctionner un enfant ayant un TDAH lorsqu’il présente des difficultés à rester assis sur sa chaise. Donc l’entourage a aussi besoin de comprendre le fonctionnement de l’enfant pour pouvoir s’adapter. Dans les recommandations, il s’agirait de réduire le nombre de consignes : « Regarde moi et écoute ce que je dis », cela fait deux consignes alors qu’il suffirait de donner la consigne sans insister sur le fait que l’enfant vous regarde. Lorsqu’on donne la consigne, on insiste sur les mots importants. Il faut garder en tête que l’attention est comme une batterie qui se décharge lorsqu’on l’utilise. Donc tout le monde a besoin de recharger ses batteries en contrôlant les périodes où on est sollicité et en pensant à se reposer aussi. Au niveau scolaire, il est également possible de pouvoir prétendre à des aménagements qui permettront d’aider l’élève à pouvoir travailler dans de meilleures conditions et de mettre en avant toutes les compétences sans que le TDAH porte préjudice. Les solutions concrètes qui permettent de pouvoir observer une amélioration des capacités attentionnelles chez l’enfant, si ce dernier est motivé et réceptif, sont les séances de remédiation cognitive et les groupes d’habiletés sociales. La remédiation cognitive n’est ni plus ni moins que la rééducation du cerveau. Le but est de pouvoir augmenter les capacités déficitaires chez une personne en s’appuyant sur celles qui sont efficientes afin de donner les meilleures stratégies à appliquer pour effectuer une tâche de façon efficace. Cette amélioration au niveau des performances amène à une meilleure confiance en soi si le patient prend conscience de ce qu’il travaille. Plusieurs modèles de remédiation cognitive existent, il est préférable d’opter pour les modèles où il y a un échange entre le patient et le praticien et non les modèles où le patient est seul face à un ordinateur. Ces derniers fonctionnent sur du court terme car c’est stimulant mais le patient finit par décrocher car c’est toujours la même chose, le feedback est toujours le même et ne remplace pas celui d’une personne et les programmes sont trop différents de la réalité. Il est également important que le praticien prenne le temps d’échanger avec les parents à propos de ce qui est travaillé en séance afin de favoriser le transfert des acquis dans le quotidien de l’enfant. Les groupes d’habiletés sociales sont des groupes où les professionnels qui encadrent le groupe travaillent les codes de communication en société mais aussi parfois la gestion des émotions avec les enfants. Ces groupes peuvent être très bénéfiques car ce sont des temps où les notions sont travaillées en groupe, donc l’enfant peut se comparer avec d’autres tout en étant dans un autre environnement que l’école où les critiques sont par définition les plus difficiles.  Ces temps permettent aux enfants de se sentir compris car ils échangent avec des enfants qui présentent des difficultés similaires et ainsi de permette de pouvoir sortir d’un possible isolement. Cette dynamique est rarement vécue comme étant un temps de travail en temps que tel et les enfant sont donc contents de venir et ne voient pas cela comme une contrainte. Ces groupes permettent également de redonner confiance en chacun. Il existe également différents programmes d’accompagnement pour l’entourage comme par exemple le programme Barkley qui donne des outils pour mieux comprendre le fonctionnement de son enfant et de le valoriser lorsque c’est nécessaire. Le programme ne guérit pas les troubles de l’enfant mais tend à vouloir aider concrètement à améliorer la qualité de vie et de communication au sein du domicile familial. Il s’agit d’un programme intéressant si en tant que parents vous souhaitez être aidés pour retrouver d’agréables moments avec votre enfant. Conseil : Il est important de garder en tête que les parents ont la liberté de choix du praticien. Il est toujours recommandé de se renseigner du mieux qu’on peut pour s’assurer que le professionnel qui vous reçoit, va vraiment prendre le temps de comprendre l’enfant et la plainte des parents. En ce sens, et c’est paradoxal mais, les structures ou cabinets trop orientés « spécialisés » dans les TDAH seraient à éviter dans un premier temps car ils ont tendance à tout voir à travers le prisme du TDAH et ne pas vouloir admettre qu’il puisse y avoir autre chose à côté qui amène à ce que l’enfant présente un dysfonctionnement sur le plan attentionnel. Faites vous confiance en tant que parents. Le professionnel s’appuie sur vos observations et a besoin de vous pour comprendre l’enfant. Si le diagnostic est mauvais ou la prise en charge est incorrecte, les parents s’en rendent compte.

3) Le traitement médicamenteux

C’est bien souvent ce que redoutent, et cela à juste titre, la plupart des parents. Il est important de le savoir, une consultation auprès d’un médecin n’équivaut pas à une mise sous traitement automatique. Si tel est le cas, alors le médecin n’a pas pris le temps de bien expliquer les choses. Seul un médecin peut préconiser le traitement médicamenteux. Préconiser veut dire conseiller et non imposer. Dans le cas où le médicament est préconisé, il est important que le médecin prenne le temps d’expliquer en quoi consiste le traitement (dosage, effets recherchés, effets secondaires, …). Généralement le traitement seul n’aura pas réellement d’efficacité sur le travail fourni. Il permet de rendre davantage disponible la personne aux conseils des adultes qui l’entourent afin que la personne concernée puisse appliquer ces conseils. La plupart du temps le traitement peut ne pas être pris tous les jours mais il est important tout de même d’en discuter au préalable avec le médecin et surtout de l’informer si vous souhaitez arrêter le traitement. Le traitement médicamenteux doit donc être presque toujours complété de la prise en charge nécessaire pour travailler les fonctions déficitaires ou les axes à améliorer. Il s’agit d’une béquille sur laquelle l’enfant s’appuie pour avancer et qui peut aussi soulager les parents ainsi que le corps enseignant. Conseil : Si en tant que parents vous n’êtes pas à l’aise avec l’idée de donner un médicament à votre enfant, il serait peut être utile de rester concentré sur les difficultés de l’enfant lui même et sa souffrance au quotidien. En tant que parents, vous gérez les difficultés de votre enfant comme des adultes mais votre enfant lui, le gère, plus ou moins bien comme un enfant. Il est la cible des moqueries et des critiques de ses pairs et c’est lui qui est en difficulté ou en échec à l’école. Il faut être transparent avec l’enfant et lui expliquer pourquoi il serait peut être judicieux qu’il prenne un traitement et lui demander son avis même si ce n’est pas lui qui décide. D’où l’importance d’une prise en charge pluridisciplinaire et d’une bonne qualité de communication entre l’enfant, les parents et l’ensemble des intervenants.